Les habitants du quartier Notre-Dame s’étaient battus, en 2010, pour conserver leur école. En vain, Jean-Macé a fermé ses portes aux élèves… Ou presque. Devenu une extension du muséum d’histoire naturelle, que trouve-t-on désormais dans le grand bâtiment ? « Je précise tout d’abord que l’école n’a pas fermé pour servir au muséum. Elle devait fermer au moment où le muséum cherchait à s’étendre. Les deux événements étant concomitants… », indique Chantal Ernoult, adjointe au maire en charge de la culture.
Des collections trop lourdes pour l’école
Côté aménagement, l’équipe administrative est désormais logée à Jean-Macé, ainsi que l’équipe de médiation des publics. C’est aussi dans l’ancienne école que sont reçus les artistes des deux festivals d’été Z’estivales et Mozaïque. L’établissement sert aussi aux artistes en résidence au Havre. Les participants à Regards Croisés, venus de New York, y sont accueillis par exemple. « Le directeur Cédric Crémière a aussi décidé d’aménager un appartement au dernier étage de l’école. Lors de l’exposition Pacifique, il y a invité durant huit jours des chercheurs, des écrivains, des sculpteurs, peintres, photographes, un vanneur, un scientifique… Résultat, ils ont réussi à finaliser en une semaine le synopsis de l’exposition. En temps normal, sans rassembler les intervenants, cela peut prendre des mois », se félicite l’élue.
Bientôt, Jean-Macé accueillera en outre la bibliothèque du muséum, ainsi que le dépôt d’expositions précieuses comme « 1950 » de Ville d’art et d’histoire ou la collection Charles Lesueur. Un espace d’une centaine de mètres carrés pourra abriter les expositions très demandées par le public.
Enfin, si les élèves n’ont plus classe à Jean-Macé, ils y reviennent pour les ateliers jeune public « qui marchent très bien », souligne Chantal Ernoult. Les collégiens y participent dans le cadre de leur cursus scolaire. Les mercredis et dimanches, tous les enfants peuvent y accéder selon leur âge et les ateliers proposés. Mais le projet initial, lorsqu’il a été question d’utiliser Jean-Macé comme extension du muséum, était de transférer toutes les collections de ce dernier, conservées au fort de Tourneville, vers l’école.
Problème : ces collections, composées majoritairement de fossiles, pèsent 50 tonnes. « Il a fallu faire une étude de résistance des sols. Celle-ci devait être de 1 tonne/m² or les anciennes salles de classe ne pouvaient supporter que 350 à 650 kg/m². Les frais de renforcement auraient été considérables. Nous avons donc changé de projet », explique Chantal Ernoult. Sauf que le CEM (centre d’expressions musicales) qui gère aussi le Sonic, attendait avec impatience que ces locaux soient libérés pour s’y installer et ainsi former un ensemble cohérent au fort de Tourneville.
« Nous procédons actuellement à des études de résistance sur le bâti de l’ancienne usine Electro. Les collections pourraient alors y être entreposées. C’est sûr, le CEM s’installera bien au fort », promet l’adjointe à la culture.
Milliers d’objets
L’évaluation numérique des collections du muséum montre actuellement 8 000 documents papier de Lesueur (dessins et manuscrits), environ 1 000 objets d’ethnographie (Afrique et Océanie essentiellement), pour la zoologie : 2 000 taxidermies, 250 spécimens en fluide et 250 boîtes d’entomologie (environ 2 500 insectes), 18 000 planches de botanique, 85 000 objets de petit format et 165 objets de grand format de géologie, 10 000 objets ou lots d’objets d’archéologie et 30 000 livres à la bibliothèque.
MARIE-ANGE MARAINE ma.maraine@presse-normande.com