La bibliothèque universitaire construite en 2004 à la place de l’ancien Palais des expos du Havre est une vraie surprise architecturale en même temps qu’un lieu de travail parfait.
L’université du Havre a attendu sa vingtième année d’existence pour décider de la construction d’une bibliothèque digne de ce nom.
« Précédemment, l’université s’organisait autour de petites cellules bibliothécaires disséminées dans chacune des composantes de l’établissement », se souvient Pierre-Yves Cachard, le directeur de la bibliothèque universitaire.
L’idée de la construction d’un équipement « idéal » revient finalement à Pierrette Portron, l’ancienne directrice de cette bibliothèque morcelée qui a longtemps bataillé pour inscrire comme projet impérieux, la réalisation de l’équipement parfait qui répondra aux attentes des universitaires. L’actuelle B.U. peut s’enorgueillir d’enregistrer 300 000 entrées à l’année.
Le rêve de l’architecte
Pierre-Yves Cachard fait partie de ces gens qui ont travaillé à l’élaboration du projet. C’était en 1998.
« Le programme de construction fut extrêmement détaillé. Les attentes de l’université étaient d’une extrême précision. L’enjeu était d’arriver à obtenir un bâtiment très flexible, avec des flux de circulation parfait et un volume sans rupture de charges. »
Le premier concours d’architectes se révéla infructueux.
« Je me souviens avoir vu arriver à l’université quelques jours après la date limite du concours, l’architecte René Dottelonde, complètement effondré d’avoir raté cette date. Son rêve était de construire une bibliothèque dans sa ville natale. »
Il sera le premier à se réjouir du lancement d’un second concours. Avec sa fille, l’architecte havrais, connu pour ses constructions universitaires, va élaborer pour le Havre, un équipement surprenant.
« Un équipement pour lequel il a, à mes yeux, convoqué les deux figures architecturales du Havre que sont Perret et Niemeyer. »
Le résultat est parfait. La rigidité de la façade ne laisse aucunement deviner les courbes qui s’épanouissent à l’intérieur. L’entrée dans la B.U. est à chaque fois une vraie surprise !
Pour la façade de la bibliothèque universitaire du Havre, René Dottelonde, l’architecte, a opté pour une trame de poteaux en béton revêtus de plaquettes de parement de briques. « Ceci, afin d’ancrer le bâtiment au campus existant », confirme le directeur de l’Université, Pierre-Yves Cachard.
Hommage aux courbes de Aalto
À cette façade rigide, néanmoins percée de lumière, l’architecte a opposé, à l’intérieur, des courbes vertigineuses. Si le directeur de la bibliothèque convoque Oscar Niemeyer à la vue de cette architecture, René Dottelonde, lui, revendique comme source d’inspiration, le travail d’un architecte finlandais, Aalvar Aalto et son célèbre vase Savoy dont il a calqué les formes onduleuses pour concevoir l’atrium de la B.U.
« Grâce à cette forme inversée, plus on grimpe dans les niveaux de l’établissement, plus la surface au sol est importante », relève le directeur de l’établissement.
À chacun de ces niveaux, des unités de travail où les élèves étudient dans la plus grande sérénité. L’escalier hélicoïdal de la B.U. distribue chacun de ces niveaux. Cette pièce maîtresse formidablement ajustée aux courbes sensuelles de l’atrium permet aujourd’hui à la bibliothèque d’être la vitrine de l’Université du Havre.
La vitrine de l’Université
« Cet escalier a été bâti en béton coulé sur place, à partir de coffrages bois utilisés successivement depuis le rez-de-chaussée jusqu’au 3e étage », rappelle Pierre-Yves Cachard. L’emprunter permet un vrai voyage à l’intérieur de l’architecture avec des angles de vues très travaillés. La bibliothèque, premier bâtiment public HQE (Haute qualité environnementale) de Normandie, se distingue enfin par tout le travail mené par l’acousticien, Jean-Paul Lamoureux, pour atténuer les bruits des flux de circulation. « Le résultat est exceptionnel. » La B.U, un établissement public de 8 000 m2, est perçue comme un nid douillet dont chacun comprend très vite les fonctionnalités. « Les étudiants le disent, on se sent comme chez soi », se réjouit Pierre-Yves Cachard.
Karine Lebrun – Le Havre infos